Tokyo by night et insolite en 10 photos : visiter autrement la capitale de la culture Otaku

05/11/2025
Laurent Lefèvre
Berceau et épicentre de la culture otaku (animés, mangas, jeux vidéo…), Tokyo, l’exubérante mégalopole de 37 millions d’habitants, aime brouiller les frontières entre le réel et l’imaginaire. Comme si la vie trépidante des Tokyoïtes bien huilée par des règles strictes et la politesse – par respect pour son voisin, on chuchote et on ne téléphone pas dans le métro et personne ne traverse la rue au feu rouge même en pleine nuit lorsqu’aucune voiture ne circule – trouvait un exutoire dans les jeux vidéo ou de rôle à l’instar des Maid Cafés d’Akihabara.

Après s’être recueilli dans le sanctuaire shinto Saiwai Inari ou avoir adressé ses prières de succès dans les affaires aux renards du temple bouddhiste Toyokawa Inari Tokyo Betsuin, on peut se défouler le soir venu dans les salles d’arcade d’Electric Town ou, comme Mario dans le jeu vidéo Mario Kart, conduire un karting en pleine rue.

Avant d’être le porte-étendard de la pop culture japonaise et de son soft power (le cool Japon), le mot « otaku » (お宅), qui signifie littéralement « votre maison, chez vous », est à l’origine une formule polie utilisée pour parler de la maison ou de la famille de quelqu’un. À la suite d’un article* d’Akio Nakamori, il prend, à partir des années 1980, un sens péjoratif pour désigner une personne obsédée par les animés ou les jeux vidéo, qui n’a plus de vie sociale.

Le terme se popularise et se détache progressivement de sa connotation négative pour acquérir, au tournant des années 2000, un sens positif grâce à des œuvres populaires qui redonnent ses lettres de noblesse à la figure de l’otaku, comme Densha otoko (電車男, L’Homme du train). Adapté d’après une histoire présentée comme vraie sur un forum, ce roman**, relatant l’histoire d’un juvénile otaku qui sauve une jeune fille attaquée dans un train, a été décliné en film, manga et série.

* Dans cet article (« Recherche sur les otaku : les rues sont pleines d’otaku ») paru en juin 1983 dans le mensuel Manga Burikko, Akio Nakamori décrit l’émergence d’un phénomène social, celui de jeunes Japonais reclus chez eux, obnubilés par leur passion pour les jeux vidéo, les animés ou les mangas. ** Publié en octobre 2004 chez Shinchosha.

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1.

Tokyo vu du ciel


Copie non conforme, plus haute que la dame de Fer de Paris, la tour de Tokyo offre de jour comme de nuit des vues panoramiques à 360 degrés sur la capitale nipponne. Culminant à 333 m, elle dispose de deux plates-formes d’observation : le Main (à 150 m) et le Top Deck (à 250 m). Les plus courageux peuvent emprunter l’escalier extérieur jusqu’au Main Deck : compter environ 600 marches à gravir.


Inaugurée en décembre 1958, elle demeure le plus haut monument du Japon jusqu’à l’ouverture au public en mai 2012 du Tokyo Skytree, qui s’élève à 634 m. Des trois plates-formes d’observation du Tokyo Skytree ou de celle du Shibuya Sky, vous pourrez aussi admirer la ville d’en haut et apercevoir la silhouette iconique de la Tokyo Tower parée de couleurs rouge-orange vif selon les éclairages et la luminosité. En réalité, sa structure est peinte en blanc et orange international (international orange : Pantone 021 C), comme le célèbre Golden Gate Bridge de San Francisco, conformément aux normes de sécurité aérienne.

From Shibuya Sky, an observation facility at Shibuya Scramble Square, a new landmark in Shibuya, Tokyo, you can enjoy a spectacular 360 degree view. ; Japon-Tokyo-by-night-Tokyo-Tower-gratte-ciel-Shibuya-Scramble-Square-Shibuya-Tokyo-Sky-Tree-
Vue nocturne de Shibuya sur le quartier de Shibuya, le Sky, le Tokyo Sky Tree (dr.) et la tour de Tokyo (Tokyo Tower) reconnaissable à sa couleur orange (à dr.).

Tokyo Tower

La tour est ouverte tous les jours de 9 à 23 h : dernier accès à 22 h 30 pour le Main Deck ; 22 h 15, pour le Top Deck.
fr.tokyotower.co.jp

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2.

Tokyo by night : a last drink?

À la lumière des lanternes, des habitants de Tokyo se tiennent tranquillement accoudés à la devanture de ce bar qui donne dans la rue Shinbashinishiguchi dans le quartier animé de Shimbashi. Ce vendredi 19 septembre, ils savourent la douceur de l’été indien qui se prolonge – tout le Japon a connu d’importantes vagues de chaleur. Pour les uns, c’est le dernier verre avant de rentrer chez eux après une journée de travail ; pour les autres, le premier d’une longue nuit qui ne fait que commencer.

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3. 

Des fûts de vin de bourgogne exposés au sanctuaire shinto de Meiji-jingu dédié aux âmes divines de l’empereur Meiji et de l’impératrice Shoken.


En adoptant à partir de 1868 la politique de l’ « esprit japonais, technique occidentale » (wakon yōsai), l’ère Meiji (1868-1912) a ouvert le Japon sur le monde. L’empereur Meiji a montré l’exemple en intégrant de nombreux aspects de la culture occidentale dans sa vie personnelle comme le fait de couper sa queue de cheval traditionnelle et de porter des vêtements occidentaux. Il a aussi adopté la cuisine occidentale et le vin, notamment les bons crus de Bourgogne. 


Créé en 1920 pour honorer l’empereur Meiji décédé en 1912, le sanctuaire shinto de Meiji-jingu, le plus grand de Tokyo, expose dans son allée centrale les fûts de grands crus de Bourgogne offerts à l’empereur par Yasuhiko Sata représentant la Maison de Bourgogne à Tokyo, propriétaire du château de Chailly et citoyen d’honneur de Bourgogne.

Sanctuaire Meiji-jingu : informations pratiques

Meiji-jingu
1-1 Yoyogikamizonocho, Shibuya City, Tokyo 151-8557, Japon.

Le site est ouvert tous les jours du lever au coucher du soleil.

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4.

Temple bouddhiste Toyokawa Inari Tokyo Betsuin : « Mais qu’est-ce que c’est que tous ces renards ? »


Pas besoin de pilules contre les renards ou de substances illicites pour les voir en plein Tokyo : ils sont partout dans le temple Toyokawa Inari Tokyo Betsuin niché au cœur de la capitale nipponne dans le quartier d’Akasaka. Ce temple paisible est l’annexe tokyoïte du prestigieux Toyokawa Inari Myōgon-ji situé dans la ville de Toyokawa (préfecture d’Aichi). Temple bouddhiste zen de l’école Sōtō* créé en 1441, Myōgon-ji représente un exemple vivant du syncrétisme (shinbutsu-shugo) entre les traditions bouddhistes importées de Corée et de Chine et le culte des kamis, divinités autochtones et ancestrales du Japon. C’est pourquoi on trouve à Myōgon-ji ainsi que dans son annexe tokyoïte des torii, porte sacrée des temples shinto.

Comme à Toyokawa Inari Tokyo Betsuin, son annexe tokyoïte, la divinité bouddhique Toyokawa Dakini Shinten (豊川吒枳尼真天), figurée chevauchant un renard blanc, son symbole, y est assimilée au kami shinto Inari Okami, divinité du riz, de la fertilité, de l’agriculture et protecteur du commerce, de l’artisanat. Censé favoriser la prospérité, apporter la chance et la réussite personnelle, il est représenté sous les traits de kitsune, le renard animal, ou divin : son messager.

Comme en témoignent la marée de bannières votives rouge et blanc (nobori) offertes en remerciement d’un vœu exaucé ou pour solliciter une faveur, les fidèles sont nombreux à prier pour obtenir richesse et réussite financière ou écarter les obstacles et la malchance – la couleur rouge symbolise la force vitale, la prospérité ; le blanc, la pureté, la vérité, la lumière. Symboles de Dakini Shinten, les nombreux renards présents à Toyokawa Inari Tokyo Betsuin sont considérés comme les protecteurs et les messagers de la divinité, symbolisant la prospérité et la protection.

*Importée de Chine au XIIIᵉ siècle par le moine Dōgen Zenji.

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Temple bouddhiste Toyokawa Inari : informations pratiques

Temple Toyokawa Inari
1-4-7 Moto-Akasaka, Minato-ku, Tokyo Japon
Station Akasaka-MitsukeLigne GinzaLigne Marunouchi sortie B : cinq minutes à pied

Le temple est ouvert tous les jours de 6 à 20 heures.

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5.

Hôtel New Otani Tokyo The Main : une cascade en pleine ville au milieu des gratte-ciel

Inauguré en 1964 à l’occasion des Jeux olympiques  de Tokyo, l’imposant hôtel New Otani Tokyo The Main compte près de 1 500 chambres, des commerces, un centre d’affaires, 37 restaurants, un spa… et un remarquable jardin japonais d’environ 10 hectares, qui faisait partie du manoir du seigneur Kiyomasa Kato (1562-1611), un célèbre seigneur féodal.

Situé au milieu des gratte-ciel dans l’arrondissement de Chiyoda-ku au cœur de Tokyo, ce jardin se distingue par ses ponts rouges, ses lanternes anciennes, son imposante cascade et son étang dans lesquels nagent tranquillement, de jour comme de nuit, des carpes du Japon aux couleurs vives (koï), symbole de persévérance, de force et de bonne fortune dans l’Archipel.

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New Otani Tokyo The Main hotel : informations pratiques

New Otani Tokyo The Main hotel
Kioicho, 4−1 New Otani Garden Tower
Tokyo, préfecture de Tokyo, Japon

Le jardin tous les jours de 6 à 22 heures aux visiteurs et aux clients de l’hôtel.

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6.

Tokyo : le sanctuaire shinto Saiwai Inari

À l’opposé de l’agitation électrique d’Akihabara et de l’effervescence de Shibuya, ce modeste sanctuaire entouré de graviers blancs offre de jour comme de nuit un îlot caché de fraîcheur minéral, de calme et d’horizontalité qui contraste avec l’agitation tokyoïte et les buildings élancés qui l’enserrent, dont l’iconique tour de Tokyo toute proche dominant la ville. Considéré comme l’un des plus anciens sanctuaires de Tokyo, son histoire remonte à la fin du XIVe siècle, date à laquelle il aurait été transféré de manière cérémonielle de Kyoto, où il était connu sous le nom d’« Inari vendeur de sabres » à l’époque où le commerce des lames y prospérait.

Dieu protecteur du quartier Ginza depuis l’époque d’Edo, il a été rebaptisé Saiwai (« bonheur ») Inari en 1624, à la suite d’événements heureux pour ses fidèles. Encore aujourd’hui, ils lui adressent des prières pour obtenir la prospérité commerciale, le bien-être familial, l’aide au mariage et… des nuits calmes : en versant de l’eau sur sa pierre, Mifukura, les parents implorent qu’elle soulage la fièvre de leur enfant et fasse cesser ses pleurs nocturnes.

Sanctuaire shinto Saiwai Inari : informations pratiques

Sanctuaire shinto Saiwai Inari
3-5-27 Shibakoen, Minato-ku
Tokyo, préfecture de Tokyo Japon

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Sanctuaire shinto Saiwai Inari : informations pratiques

Sanctuaire shinto Saiwai Inari
3-5-27 Shibakoen, Minato-ku
Tokyo, préfecture de Tokyo Japon

Japon-Tokyo-Akihabarabynight : Side view of people on a busy crosswalk in Akihabara, Tokyo, a district known for gaming, manga and youth culture.

7.

La vie nocturne à Akihabara, l'Electric Town

Zone résidentielle et commerciale très animée durant la période d’Edo, Akihabara devient après 1945 un centre de vente au marché noir et légal de pièces radio, d’électroménager et d’informatique, d’où son surnom d’ « Electric Town ».

À partir des années 1980, il se transforme en un haut lieu de la pop culture japonaise, avec ses boutiques spécialisées dans les mangas, animés, video games et produits dérivés, devenant l’épicentre de la culture otaku (jeux vidéo, cosplay, collection de figurines…) et de ses fans. Jusque tard dans la nuit, vous pouvez y dénicher un maid café, jouer dans une salle d’arcade ou trouver dans la rue des magasins d’électroménager l’ampoule ou la pièce qui vous manque !

Sanctuaire shinto Saiwai Inari : informations pratiques

Sanctuaire shinto Saiwai Inari
3-5-27 Shibakoen, Minato-ku
Tokyo, préfecture de Tokyo Japon

8.

Déguster à minuit un bon ramen à Shibuya

En début de soirée, l’effervescence ne retombe pas dans la rue Basket Ball de Shibuya. Dans cette artère piétonne autrefois connue sous le nom de « Shibuya Center-gai », la quête de la bonne affaire ou du bol de ramen parfait se poursuit. Certains commerces – dont le MEGA Don Quijote ouvert 24 h sur 24 –, restaurants ou cafés accueillent les noctambules jusqu’au bout de la nuit…

Shibuya Center‑gai rebaptisée « Basketball Street »

12-3 Udagawachō, Shibuya-ku, Tokyo 150-0042, Japon.
Station de métro : Shibuya Station (sortie Hachikō)

Japon-Tokyo-by-night-kart

9.

Des street karts en pleine rue tokyoïte comme dans le jeu vidéo Mario Kart

En pleine ville en soirée, un kart aux couleurs flashy se faufile avec difficulté entre les voitures, pile à un feu rouge au carrefour puis redémarre en trombe. Son vrombissement fige les piétons. Non, nous ne sommes pas dans le jeu vidéo Mario Kart de Nintendo mais bien dans une rue de Tokyo vers 21 heures, un soir tranquille de semaine au milieu du mois de septembre. Inspirée par le jeu culte de Nitendo, cette mode de conduire des street karts (kart urbain) dans les artères de la capitale nipponne sévit depuis quelque temps et semble toucher de nouveaux adeptes, notamment parmi les touristes, qui, pour certains, prennent le volant déguisés (cosplay), histoire de cumuler tous les codes de la culture otaku.

Mais in real life, (dans la vraie vie), devenir un pilote aguerri ne s’improvise pas, même pour un geek fan de Car racing game (kā rēsu gēmu). Confrontée à la généralisation de cette pratique débridée et anarchique entraînant une multiplication des plaintes des habitants, Tokyo a dû renforcer sa législation sur la conduite en ville des street karts (karting urbain). Entrée en vigueur le 1er juillet 2025, elle s’applique dans un premier temps à l’arrondissement de Shibuya, où les problèmes liés à ces engins se multiplient  – conduite dangereuse, congestion du trafic…

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10.

Parapluie

Située au 1er étage du bâtiment Spiral conçu par l’architecte Fumihiko Maki dans l’arrondissement de Minato, la galerie du Spiral Garden organise régulièrement des événements artistiques, des expositions dans le quartier de Minami-Aoyama. Une belle adresse en plein cœur de Tokyo pour faire une pause-café et admirer ses expositions comme cette installation conçue à partir de parapluies faits main traditionnels de la boutique Iida Umbrella.
galerie Spiral Garden de Tokyo : informations pratiques

Spiral Building
1F, 5-6-23 Minami-Aoyama, Minato-ku, Tokyo 107-0062 Japon
station de métro Omotesando
Japon-Tokyo-Tower-orange-international
La tour de Tokyo vue de nuit
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