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Le temple d'Angkor Vat intime

28/03/2023
Laurent Lefèvre

Plus vaste monument religieux au monde, Angkor Vat est le mieux conservé et le plus fréquenté des temples d’Angkor. Pour l'explorer seul, à son rythme, sans les groupes de touristes, suivez ces conseils, pas les guides !

 Icône touristique, Angkor Vat (Nokor Wat en khmer) peut impressionner par sa taille et la foule qui s’y presse. En dehors des heures et des jours d’influence, il est possible de le découvrir seul, à son rythme comme ce vendredi 10 mars, en arrivant par la porte est (east gate).

Après avoir montré son temple pass et traversé ses magnifiques douves arborées qui symbolisent l’océan entourant le mont Meru, on aperçoit, presque surpris de se retrouver seul face à lui, ce temple-montagne dédié à Vishnou. De plus de 65 m de haut, ses cinq tours-sanctuaires (prasat) imitent les chaînes de montagnes du mont Meru, la demeure mythique des dieux hindous.

Détail du Barattage de la mer de lait (temple d’Angkor Vat, Angkor, Cambodge).
Détail du Barattage de la mer de lait (temple d’Angkor Vat, Angkor, Cambodge).

Le Ramayana et le Mahabharata illustrés

Autre bonne surprise : désertée par les touristes qui commencent leur visite par la porte ouest et la terrasse d’honneur, cette east gate donne directement sur les galeries des bas-reliefs qui illustrent, sur 1 200 m²des récits de la mythologie hindoue, dont la Victoire de Vishnou sur les asuras (démons) et le Barattage de la mer de lait (galerie est, aile nord et sud) que l’on découvre en arrivant.

Représenté sur un mur de près de 50 m de longueur, ce mythe cosmologique décrit la lutte des asuras et des dévas (êtres de lumière), aidés par Vishnou, pour baratter la mer de lait afin d’en extraire le nectar d’immortalité (Amrita).

Dans la galerie suivante (sud, aile est), le bas-relief Paradis et Enfers décrit sur un mur de 66 m de long les récompenses et les châtiments des 37 cieux et des 32 enfers. Sur trois niveaux sont sculptées, de bas en haut, des scènes des enfers (Naraka), de la vie sur Terre (bhūmi en sanskrit) et des paradis (Svarga, les cieux). Avec ses 18 bras brandissant des bâtons, Yama, le dieu des morts représenté sur son buffle, s’affaire à trancher le sort de chacun, en fonction de ses mérites et de ses péchés.

Selon l’importance de la faute qu’une personne a pu commettre dans sa vie précédente, elle sera envoyée dans l’un des 32 étages des enfers, des inscriptions du bas-relief précisant pour certains le crime perpétré. Par exemple, le niveau Avici (l’enfer avec un brasier constant) accueille les personnes riches qui ont tout de même commis des péchés de leur vivant (sic). Le niveau Tālavrikshavana est réservé à ceux qui ont abattu des arbres ou qui se sont soulagés dans un sanctuaire de déva, etc.

Dans l’aile ouest de cette galerie, on peut apercevoir, au milieu de sa procession, une représentation de Suryavarman II, le fondateur d’Angkor Vat.

Les autres bas-reliefs présentent les batailles mythiques de Kurukshetra et de Lanka tirées du Mahabharata et du Ramayana (galerie ouest) et la victoire de Krishna sur Bana et celle des asuras sur les Devadas (galerie nord).

Une devata, gardienne hindoue et femme sacrée incarnant les forces de l’univers, est sculptée sur chaque pan de ce mur (temple d’Angkor Vat, Angkor, Cambodge).
Une devata, gardienne hindoue et femme sacrée incarnant les forces de l’univers, est sculptée sur chaque pan de ce mur (temple d’Angkor Vat, Angkor, Cambodge).

Les sculptures de devatas et d’apsaras vous sourient

Magnifiquement restaurées, environ 1 800 devatas ornent les murs des enceintes et des galeries d’Angkor Vat. Sculptées dans la pierre, ces gardiennes hindoues et femmes sacrées qui incarnent les forces de l’univers rivalisent de beauté et de finesse avec les bas-reliefs d’apsaras, les danseuses célestes nées du barattage de la mer de lait.

Également représentées sur les façades, les devatas, toutes différentes, affichent un sourire mi-moqueur, mi-triomphal comme si elles avaient réussi à duper le temps et les modes. Légèrement rosées, leurs lèvres paraissent fraîches. Figures intemporelles, elles continuent d’influencer la troupe des danseuses sacrées d’Angkor, qui étudient et s’inspirent de leurs postures.

Devatas en façade (temple d’Angkor Vat, Angkor, Cambodge).
Devatas en façade (temple d’Angkor Vat, Angkor, Cambodge).

Syncrétisme inscrit dans la pierre

Devenu un temple bouddhiste à la fin du XIIe siècle, sous l’impulsion du roi Jayavarman VII, Angkor Vat reste un sanctuaire pour les deux religions (hindouisme et bouddhisme) et continue d’être un lieu de dévotion. En témoignent les nombreux autels votifs que l’on retrouve au pied des statues qui ont revêtu leurs habits de cérémonie ou près des sculptures de devata.

En route vers la terrasse des honneurs

S’étendant sur presque 2 km², Angkor Vat est à la fois un temple-montagne et un temple à galeries construites l’une à l’intérieur de l’autre. Dans certaines, principalement dans celle cruciforme (Preah Poan), autour de celles des bas-reliefs et sur celle du troisième niveau, des inscriptions gravées dans la pierre sont encore visibles.

En traversant Angkor Vat d’est en ouest (à contre-courant), on découvre, avant d’arriver dans ses magnifiques jardins, de paisibles cours intérieures aux piliers sculptés d’inscriptions et de devatas. Certains points de vue sur ces cours désertées donnent le vertige.

Des jardins qui abritent différentes bibliothèques consacrées à l’étude, les perspectives sur la « Cité des temples » changent à chaque léger scintillement de lumière, à chaque pas parcouru. En sortant par l’entrée principale bordée de deux bassins, on ne peut s’empêcher de se retourner une dernière fois, comme un ultime adieu.

Angkor Vat : mode d’emploi

Construit par Suryavarman II (1113- env. 1145) au XIIe siècle
Religion : hindouisme dédié à Vishnou et bouddhisme
Style : Angkor Vat
Temple Pass exigé
Horaire : ouvert tous les jours de 7 h 30 à 17 h 30
[Source : justsiemreap.com]

Une statue du jardin d'Angkor Vat (temple d’Angkor Vat, Angkor, Cambodge).
Une statue du jardin d'Angkor Vat (temple d’Angkor Vat, Angkor, Cambodge).
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