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Dans les rues de Phnom Penh :
« la petite reine », c’est la moto

05/03/2023
Laurent Lefèvre

Utilisées pour transporter toute la famille, les denrées alimentaires les plus diverses (y compris des œufs) ou les touristes adeptes du tuk-tuk khmer, les motos (majoritairement des scooters) sont omniprésentes à Phnom Penh, capitale en pleine croissance du Cambodge. De plus en plus urbanisés et motorisés, les 16,5 millions de Cambodgiens en sont friands : près d’un sur trois en possède une.

À Phnom Penh, ville vibrionnante en croissance régulière de 2 211 000 millions d’habitants, les différents modes de transport ‒ motos, tuk-tuks, rickshaws, cyclos (rickshaw-vélo), voitures, taxis, bus, charrettes à bras et quelques vélos ‒ se croisent, se toisent, se frôlent ou se doublent dans un désordre parfaitement organisé*. Dans les artères souvent congestionnées de la capitale du Cambodge, la petite reine, c’est… la moto et ses variantes comme le tuk-tuk khmer, carriole surmontée d’un toit ‒ dans laquelle s’installent jusqu’à quatre passagers ‒ attelée à une moto. Elle se faufile dans les bouchons et s’aventure en terrain conquis dans les ruelles phnompenhoises. Comme dans la Street 41, où il fait bon se promener à l’ombre sous ses parapluies.

En ville où se concentre un quart des 16,5 millions d’habitants (proportion qui devrait atteindre un tiers avant 2050), elle est omniprésente et arrête le regard du voyageur endogé adepte du métro pour ses transports quotidiens. Il faut dire que les Phnompenhois en font un usage immodéré et parfois inattendu.

Pleines comme un œuf

Les motos sont utilisées pour le transport des marchandises les plus diverses (œufs de livraison, paniers en osier, etc.) agencées avec un art du rangement et de l’espace digne des plus grands experts repentis du gain de place. Sous le faix, l’engin et son conducteur prennent des allures d’objet pétaradant non identifié ! Avec ou sans remorque, elles servent notamment au transport des matériaux de chantier, des produits agricoles, en particulier ceux acheminés des campagnes alentour (par exemple de Koh Dach, l’île de la soie, située à 15 km) qui approvisionnent la capitale et ses différents marchés.

Comme le touristique marché central (Central Market), inauguré en 1937 et reconnaissable à son édifice art déco de couleur jaune récemment rénové, le Kabko Market, petit marché local rustique réputé pour sa street food ou l’authentique Tuol Tompoung Market (marché russe), avec ses allées serrées (claustrophobes s’abstenir !), où l’on trouve de tout (même des pièces détachées pour voiture), notamment des montagnes d’objets religieux (provenance non certifiée) bouddhistes et hindouistes.

En ville comme à la campagne

Dans tout le pays, qui a la population la plus jeune d’Asie du Sud-Est (les 15-29 ans représentaient 30 % de la population totale en 2014), près d’un Cambodgien sur trois possède une moto, selon le ministère cambodgien des Travaux publics et des Transports, qui dénombre environ 5,2 millions de deux-roues au niveau national, soit cinq fois plus de motos que de voitures. Utilisées par toutes les générations, elles peuvent aussi servir pour le transport scolaire informel.

Quel mode de transport choisir

Présents partout, devant les maisons d’hôtes comme à la sortie des aéroports**, les tuk-tuks s’avèrent très pratiques. Il existe même deux applications dédiées (Grab et PassApp, les Uber cambodgiens) pour en commander un, avec option rickshaw ou tuk-tuk khmer ! Mode de transport traditionnel au Cambodge, les tuk-tuks khmers, fabriqués localement, sont fortement concurrencés par les autorickshaws indiens très demandés, notamment à travers l’application PassApp, gadget pour technophile pressé vu leur fréquence en ville.

En moto tout le monde !

Sur une moto familiale, les plus jeunes montent devant

À Phnom Penh comme dans le Cambodge rural, où on peut voir un berger ramener ses vaches à moto, « la voiture familiale » roule bien souvent sur deux roues. Cela ne l’empêche pas de transporter toute la fratrie, en moyenne cinq enfants par famille.

Plus économique et plus rapide, elle pallie dans la capitale les insuffisances d’un réseau d’autobus économiques et climatisés [en anglais], mais fréquemment piégés par une circulation encombrée. À moto, les enfants s’en amusent, comme ce petit Spider-Man pris dans la toile d’un embouteillage.

Le chauffeur d’un tuk-tuk khmer prend sa pause dimanche 5 mars : une sieste en hamac sous l’arbre d’une place de Phnom Penh.

La sieste s’impose… partout

À l’ombre d’un kapokier ou d’un flamboyant, la moto individuelle peut aussi servir de banc public pour une sieste bien méritée quand la chaleur s’abat sur la ville. Samedi 4 mars vers 18 heures, sur la place du monument de l’Indépendance, ce conducteur d’un tuk-tuk khmer prend sa pause-sieste. Même les livreurs à moto s’y adonnent, avec option hamac pour les conducteurs de tuk-tuks khmers ! Les marchands ambulants au volant de leur food-moto ‒ l’équivalent de nos food-trucks, mais sur deux roues ‒ ne sont pas en reste

Avec des températures qui montent jusqu’à 40 °C (une chaleur lourde), chacun trouve le meilleur endroit pour s’abriter du soleil et limiter ses efforts au minimum. Dans une ville qui a retrouvé ses couleurs vives***, tous les moyens (de transport) sont bons !

C’est ce que l’on appelle piquer du nez… à moto ! (Le 5 mars à 17 heures dans les rues de Phnom Penh, Cambodge).
C’est ce que l’on appelle piquer du nez… à moto ! (Le 5 mars à 17 heures dans les rues de Phnom Penh, Cambodge)

* Avec un code de la route adaptable sur-mesure, y compris les feux de signalisation.

** Des bus (ligne 3) relient l’aéroport international de Phnom Penh au centre-ville en une heure. À la sortie de l’aéroport, des chauffeurs officiels de taxis et de rickshaws vous proposent leurs services : plus authentique, le rickshaw, qui peut transporter jusqu’à trois personnes avec peu de bagages (coffre minuscule), permet de se faufiler dans la circulation et de gagner du temps.

*** Le régime khmer rouge imposait les cheveux courts et le port de pantalon et chemise noirs. Les habits traditionnels (sarongs et sampots colorés), les bijoux et le maquillage étaient interdits : une uniformisation de l’apparence qui devait refléter la standardisation de la manière de penser. « Le 19 avril [1975] à Phnom Penh, des Khmers rouges ont arrêté une vingtaine de jeunes gens [aux] cheveux longs ; ils les ont fusillés devant nous, rapporte un témoin cité par François Ponchaud (Cambodge année zéro, 2016). Tout le monde était terrifié et se faisait couper les cheveux immédiatement, même de nuit. »

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