Centre de ressources audiovisuelles Bophana : lieu de mémoire, de formation et de partage sur l’histoire et la culture cambodgiennes
Cofondé par le cinéaste franco-cambodgien Rithy Panh, le centre de ressources audiovisuelles Bophana situé à Phnom Penh poursuit l’œuvre de « passeur de mémoire » de l’auteur de L’Image manquante et de S21, la machine de mort khmère rouge : reconstituer la mémoire collective et individuelle d’un pays que les Khmers rouges ont voulu effacer, afin de la partager et d'en faire une « condition de la subjectivité et de la communauté ».
Inauguré le 4 décembre 2006, ce lieu chaleureux dédié à la mémoire permet à tous les visiteurs de consulter les films de sa collection, riche, entre autres documents, de plus de trois cents heures d’archives rares restaurées. Il constitue une étape incontournable pour ceux qui souhaitent découvrir l’histoire et la culture du Cambodge, notamment avant ou après la visite du mémorial de Choeung Ek et de S-21, le musée du Génocide de Tuol Sleng.
Une mémoire collective et individuelle effacée à reconstruire
Né le 18 avril 1964 à Phnom Penh, Rithy Panh est séparé de sa famille et envoyé dans un camp de travail après la prise de la capitale cambodgienne par les Khmers rouges, le funeste 17 avril 1975. Dans L’Élimination, qui raconte, à hauteur d’enfant, sa quête de survie sous le régime khmer rouge, il note :
« À compter de ce jour, moi, Rithy Panh, 13 ans, je n'ai plus d'histoire, plus de famille, plus d'émotions, plus de pensée, plus d'inconscient. Il y avait un nom ? Il y avait un individu ? Il n'y a plus rien. [Ce jour] devient mon matricule, ma date de naissance. »
« Témoin infatigable de la tragédie de son pays, “passeur de mémoire”, selon ses propres termes, Rithy Panh, s’efforce de combler le vide de tout un peuple sur son douloureux passé », souligne Solomon Kane, auteur du Dictionnaire des Khmers rouges.
Maîtriser les techniques cinématographiques pour témoigner
Parmi les productions de Bophana, le projet Actes de mémoire interroge des personnes qui ont vécu la période khmère rouge. Dans leur cadre de vie actuel, ces dernières confient leur histoire et les souffrances qu’elles ont endurées. Disponibles en ligne en version originale, plus de cent documentaires ont été réalisés.
Projection privée
Sous le regard bienveillant de Bouddha, dont la statue trône au milieu de l’autel de cette salle blanche lumineuse, la mémoire, cette « faculté d’interrogation, d’interprétation », peut accomplir sereinement son « travail de refiguration du passé »*. En ces lieux, elle est bien, comme le souligne Paul Ricoeur, « une condition de la subjectivité, mais aussi une condition de la communauté »*.
* Paul Ricoeur, La Mémoire, l’Histoire, l’Oubli, Seuil, 2000.
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S-21, le musée du Génocide de Tuol Sleng. La machine de mort Khmer rouge, reportage pour le magazine Historia (n° 921 daté de septembre 2023)
Endoctrinement des enfants
Une bureaucratie de la mort
Le mémorial de Chœung Ek, le Killing Field de S-21, la prison de Tuol Sleng
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