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Des Norvégiens adeptes du friluftsliv
l’art de se connecter à la nature dans les îles Lofoten

08/03/2022
Laurent Lefèvre

Sommets alpins posés sur une mer des Caraïbes, les îles norvégiennes des Lofoten offrent aux Norvégiens adeptes du friluftsliv une grande variété de paysages et d’expériences en plein air : un terrain idéal pour se reconnecter à la nature.

Dans toute la Norvège, la randonnée est un art, le friluftsliv, « un style de vie en plein air ». Pendant leurs vacances ou un week-end pour les habitants de Bodø, de nombreux randonneurs locaux se donnent rendez-vous aux îles Lofoten afin de retrouver cet état d’esprit et se reconnecter à la nature et à ses éléments : terre, montagnes, eau, glace, air, vent, neige, et soleil au printemps ou en été à certaines heures de la journée sont effectivement bien présents sur cet archipel situé à 200 km au nord du cercle polaire.
Vestvågøya, l'île principale de l'archipel des Lofoten, abrite des pics escarpés qui émergent directement de la mer de Norvège. Himmeltindan, le sommet le plus élevé, culmine à 964 mètres.
Vestvågøya, l'île principale de l'archipel des Lofoten, abrite des pics escarpés qui émergent directement de la mer de Norvège. Himmeltindan, le sommet le plus élevé, culmine à 964 m.

Les îles Lofoten, enfants de l’union brutale entre montagnes et océan

Sommets alpins posés sur une mer des Caraïbes, les îles norvégiennes des Lofoten offrent aux amateurs de plein air une grande variété de paysages et d’expériences* : VTT sur l’île de Vestvågøya, kayak, surf arctique à Unstad (vérifiez d’abord la météo spéciale surf), escalade du spectaculaire pic de Svolværgeita ou autour de Henningsvaer. Fruit de l’union brutale entre montagnes et océan, cet archipel constitué de sept îles principales est considéré comme l’un des plus beaux. 
D’une superficie de 1 227 km² pour 24 500 habitants, il est connu pour ses aurores boréales et son soleil de minuit. Épicentre de la pêche à la morue, les Lofoten ont développé, au fil de leur histoire remontant à l’ère viking (793-1066 apr. J.-C.), une culture et une histoire nourries par la mer et ses périls (lire « Roar : mon premier jour sur un bateau de pêche »).

LIRE AUSSI >> Îles Lofoten : mon premier jour sur un bateau de pêche

Comment rencontrer un(e) Norvégien(ne)

D’abord forgé par le dramaturge Henrik Ibsen, le concept de friluftsliv est un amalgame des mots norvégiens signifiant liberté, air et vie. Inscrit depuis 1957 dans la loi (friluftsloven), il permet au public d’entrer sur des terrains privés tant qu’il n’y cause pas de dommages, comme si la possibilité de flâner, de randonner le dimanche, de camper primait sur le droit de propriété privée. Comme si la vue d’un fjord de son jardin ne pouvait qu’être partagée. Il existe aussi des jardins d’enfants friluftsliv et certaines bibliothèques prêtent des équipements outdoor.

Cet art de vivre en plein air fait partie intégrante de l’identité nationale. Il imprègne tous les aspects de la vie des Norvégiens** : professionnel, familial, relationnel et même sentimental. Au bureau, il est de bon ton de finir tôt le vendredi après-midi pour préparer son trek du week-end, où l’on retrouve ses amis et ses proches.

En ce qui concerne les relations amoureuses, les Norvégiens aiment rencontrer un partenaire qui pratique les activités outdoor et un premier rendez-vous pour une randonnée en tête-à-tête est fréquent. Un conseil pour séduire un ou une Norvégienne : habillez-vous décontracté (même sur les photos de votre profil Meetic !) et soyez prêt à passer du temps ensemble en plein air.

LIRE AUSSI >> Voyage et trek au Groenland : 10 choses à savoir sur l’Île blanche de l’Arctique

Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, la plage de Kvalvika sur l’île de Moskenesøy (archipel des Lofoten, Norvège) est parfois déserte et ensoleillée.
Classée au patrimoine mondial de l'Unesco, la plage de Kvalvika sur l’île de Moskenesøy (archipel des Lofoten, Norvège) est parfois déserte et ensoleillée.

La baie de la baleine

Pour beaucoup de Norvégiens, le summum de ces activités outdoor consiste à admirer les aurores boréales depuis sa tente plantée en pleine nature. Sur les Lofoten, de nombreux sites sont aménagés pour ce camping sauvage légal, notamment sur la plage de Kvalvika, littéralement la baie de la baleine***. Elle a été baptisée ainsi car des vertèbres d’un rorqual ont été trouvées sur son rivage alors que les mammifères présents aux Lofoten restent généralement dans les fjords.

Isolée sur la côte nord de l’île de Moskenesøy et encerclée de falaises escarpées s’élevant à plus de 600 m, cette plage accessible uniquement à pied est très prisée des randonneurs en été, mais souvent désertée hors saison. Toute l’année, il est autorisé de camper gratuitement sur place. En hiver, certains pratiquent le surf sur ses pentes enneigées et le surf arctique en pleine mer de Norvège.

Bienvenu chez vous : partout en Norvège comme ici sur l’archipel des Lofoten, les marcheurs peuvent dormir quelques nuits dans un refuge mis à leur disposition. En libre-service comme ici ou gardés, ils sont entretenus par les bénévoles de l’Association norvégienne de randonnée (Den norske Turistforening, DNT), qui en gère environ 550 dans tout le pays.
Bienvenu chez vous : partout en Norvège comme ici sur l’archipel des Lofoten, les marcheurs peuvent dormir quelques nuits dans un refuge mis à leur disposition. En libre-service comme ici ou gardés, ils sont entretenus par les bénévoles de l’Association norvégienne de randonnée (Den norske Turistforening, DNT), qui en gère environ 550 dans tout le pays.

Bienvenue dans votre refuge !

Partout en Norvège, les marcheurs peuvent dormir quelques nuits dans l’un des 550 refuges, en libre-service ou gardés, qui sont entretenus par les bénévoles de l’Association norvégienne de randonnée (la DNT, Den norske Turistforening). Présente dans tout le pays, elle compte plus de 300 000 adhérents, soit près de 20 fois plus en proportion qu’en France.

Chaque membre dispose d’une clé qui peut ouvrir tous les refuges en libre-service. Sur les Lofoten comme dans toute la Norvège, il est facile de marcher seul ou en petit groupe en se reposant régulièrement dans l’un de ces abris qui disposent généralement d’un poêle et de couchages rudimentaires.

« La nature à chaque instant s’occupe de votre bien-être, note Henry D. Thoreau. Elle n’a pas d’autre fin. Ne lui résistez pas. » L’auteur de Walden, qui proclamait que « toutes les bonnes choses sont sauvages et gratuites » (All good things are wild and free), est bien le plus norvégien des écrivains américains.

English version
L’iconique village de pêcheurs de Hamnoy, situé dans les îles Lofoten en Norvège. Niché au pied des montagnes, il se distingue par ses maisons traditionnelles de pêcheurs (rorbu) perchées sur pilotis au bord de l'eau et peintes en rouge , une couleur autrefois obtenue grâce à une huile de poisson bon marché.
+ de photos
Porfolio -> îles Lofoten

* Explore Lofoten, par Kristin Folsland Olsen.

** How Norwegian friluftsliv brings out the best in people, un TEDx Talks, par Lorelou Dejardins, une Française, qui vit en Norvège.

*** kval (baleine) et vika (baie) issus du dialecte parlé sur l’archipel.

Situé sur l'île de Flakstadøya, l'une des principales îles de l'archipel des Lofoten, le village de Nusfjord, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, abrite de nombreux rorbuer. Cabanes en bois construites sur pilotis directement sur les rochers ou au bord de l’eau, ces maisons traditionnelles de pêcheurs étaient utilisées dans les Lofoten les mois d'hiver pendant la saison de pêche à la morue. Bâtis sur le même principe, de grands bâtiments appelés sjøhu ou sjøbod permettaient d'héberger un équipage entier de pêcheurs.
Situé sur l'île de Flakstadøya, l'une des principales îles de l'archipel des Lofoten, le village de Nusfjord, classé au patrimoine mondial de l'Unesco, abrite de nombreux rorbuer. Cabanes en bois construites sur pilotis directement sur les rochers ou au bord de l’eau, ces maisons traditionnelles de pêcheurs étaient utilisées dans les Lofoten les mois d'hiver pendant la saison de pêche à la morue. Bâtis sur le même principe, de grands bâtiments appelés sjøhu ou sjøbod permettaient d'héberger un équipage entier de pêcheurs.
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  1. Excellent article. Ça donne envie d’aller en Norvège 🇳🇴 et découvrir tout cela !

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Journaliste-pigiste (carte de presse n° 99895), Laurent Lefèvre travaille pour la presse magazine
(Historia, Convergence, Magazine littéraire) et Web (Slate magazine, Impact magazine, Sciences blog de Libération).

Laurent Lefèvre is a French journalist based in Paris, and a frequent traveler.

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