Lac de Gérardmer
une « délicieuse » randonnée pour découvrir la beauté de la perle des Vosges
14/09/2024
Laurent Lefèvre
Cette boucle sans difficulté autour du lac de Gérardmer s’effectue en moins d’une heure trente. Au petit matin, la splendeur du lac se dévoile aux quelques habitués rencontrés en chemin – joggeur, pêcheurs et randonneurs. Les derniers voiles de brume visibles à sa surface se lèvent et rejoignent la forêt et les montagnes vosgiennes qui l’enserrent.
La beauté du lac de Gérardmer entouré de conifères a inspiré à Abel Hugo [1] le surnom de perle des Vosges que l’on donne encore aujourd’hui à cette commune de 7 833 habitants qui le borde. Une belle randonnée autour de ce lac glaciaire d’origine naturelle, le plus grand des Vosges, permet de confirmer les impressions du frère aîné de Victor.
Il faut en moyenne moins d’une heure trente pour parcourir cette boucle de 5,3 km sans difficulté (52 m de dénivelé) située dans le parc naturel régional des Ballons des Vosges – comptez deux heures pour prendre votre temps et découvrir une variante à la fin du parcours [2].
Un lac qui sert de miroir à la forêt et aux montagnes vosgiennes
Il est 6 heures ce mardi 2 juillet et Gérardmer, sous le voile du petit matin, s’éveille lentement de sa torpeur. Sur le ponton (promenade quai du lac) qui fait face au modeste casino de la ville, point de départ de notre rando, les bateaux et les pédalos en location alignés comme des canards au garde-à-vous attendent leurs premiers clients. Les vedettes qui proposent le tour du lac en trente minutes sont désertées. Direction le sud (à gauche en regardant le lac) pour le découvrir d’est en ouest !
En chemin, les nuages et les premiers rayons de soleil qui arrivent à se faufiler modifient constamment la couleur du lac qui passe du bleu-gris au cyan-bleu. Les derniers voiles de brume visibles à sa surface se lèvent et se volatilisent à l’horizon. Immobile encore endormie, l’eau du lac sert de miroir aux montagnes et à la forêt qui l’enserrent comme pour mieux s’y mirer.
Bien arrosée par les caprices du climat local, la dense forêt vosgienne se compose à 70 % de résineux – de majestueux sapins blancs et épicéas. Elle reçoit régulièrement la visite de ces nuages de brume qui apparaissent et disparaissent au fil de la journée. On dit ici que : « C’est le renard qui fait sa soupe ».
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En route
Bien tracé, le chemin qui fait le tour du lac est parsemé à certains endroits de grosses racines et de rochers qu’il faut contourner ou enjamber – il peut aussi en hiver être envahi par la neige comme le montre cette visite virtuelle en 3 D. Sur d’autres sections, des planches ont été posées au sol parfois boueux pour faciliter la marche.
Au petit matin, il n’est fréquenté que par une poignée d’habitués que l’on croise en route : joggeur, randonneur et pêcheur comme cet homme, immobile, qui s’est avancé dans l’eau pour pratiquer la pêche au lancer. Casquette, gilet de pêche et pull à manches longues, il est paré pour affronter la fraîcheur matutinale qui règne, même au début de l’été, autour du lac, qui culmine à 660 m d’altitude.
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Une beauté paisible recyclée en cache d’armes et d’explosifs
En été, de nombreux sports nautiques sont praticables sur le lac comme le canoë, la planche à voile, l’aviron, le Dragon boat, le pédalo ou encore la plongée accompagnée par des professionnels. Des plages permettent de se baigner, dont celle aménagée de l’Union nautique surveillée de juin à septembre, qui dispose de sable fin, de transats, de parasols et de douches (entrée payante).
Dans une enquête récente diffusée le 27 mai sur France 5 (« Armes, l’héritage toxique », documentaire de 52 minutes de la série Vert de rage), des journalistes ont révélé la présence de substances toxiques – avec de hauts niveaux de TNT – dans les eaux du lac contaminées par les munitions de la Première Guerre mondiale. Ces dernières ont été immergées dans ses profondeurs, qui peuvent atteindre 38 m, par l’armée française, laquelle a « jusque dans les années 2000, immergé, enfoui ou détruit des milliers de tonnes de munitions laissant derrière elles les traces d’une pollution invisible ».
Lors du tournage de ce documentaire, des plongeurs ont trouvé à seulement six mètres du rivage les premières bombes de tranchées au fond du lac : des grenades à manches de 14-18. Isolées ou en grappes, certaines sont intactes et d’autres éventrées laissant échapper l’explosif qu’elle contenait. « C’est une triste chose de songer que la nature parle et que le genre humain n’écoute pas », a déploré « l’homme-siècle », frère cadet d’Abel Hugo, qui a fait connaître Gérardmer « située dans une position délicieuse » et les curiosités naturelles voisines comme les lacs de Longemer et de Retournemer.
Photos de Jean-Marie Rayapen, photographe-vidéaste, responsable de l’image au Secours populaire français.
[1] Homme de lettres, Abel Hugo qualifie ainsi Gérardmer dans France pittoresque, une « description pittoresque, topographique et statistique des départements et colonies de la France » publiée en 1835.
[2] Après être passé devant l’hôtel-restaurant Le Chalet au bord du lac, la fin du parcours longe la départementale 417 que l’on peut éviter en empruntant jusqu’au point de départ le chemin du tour du lac, qui passe au-dessus et permet d’admirer le lac d’en haut.
[2] Après être passé devant l’hôtel-restaurant Le Chalet au bord du lac, la fin du parcours longe la départementale 417 que l’on peut éviter en empruntant jusqu’au point de départ le chemin du tour du lac, qui passe au-dessus et permet d’admirer le lac d’en haut.
Caractéristiques physiques du lac de Gérardmer
- Localisation : Gérardmer – Massif des Vosges
- Type de lac : Origine glaciaire
- Superficie : 1,16 km²
- Longueur : 2,2 km
- Largeur : 750 m
- Profondeur : 38,4 m
- Volume : 19,51 millions de m³
- Altitude : 660 m
- Alimentation : Ruisseau de Mérelle / Ruisseau du Phény
- Émissaire : La Jamagne vers la Vologne
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